| Edito
"Au prétexte
de lieux communs"
"Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma
voix..."
Plainte, Joachim Bellay
Nos compères et proches voisins belges étaient
d'accord pour tenter l'aventure. Il nous fallait un cadre, déclinable à
l'infini. Il nous fallait une butée temporelle, ce serait les années 80.
Chacun mettrait dans la corbeille un fragment de texte d'un auteur
contemporain qu'il aimait, incitant par là les autres à s'initier à
cette littérature au-delà des frontières et, franchissant le pas, à
écrire en écho. Le pari étant de nous stimuler mutuellement "la
racontouse", comme aurait dit G. Perec. Le passage du recevoir au
produire s'avéra plus ardu que prévu : ne pas craindre cette rencontre
inégale, se laisser séduire par les ruses de l'imaginaire.
L'échange de textes souches entre Belges et Français
fut fait ! Le lieu comme élément commun minimal, comme permanence
humaine : la contrainte joua pleinement son rôle fédérateur, libérant
les goûts, suscitant la variété. Paradoxalement, notre proximité
linguistique nous amenait à proposer - souvent hors des sentiers battus
- une image originale et atypique de nos proses nationales.
Ce fait même ouvre des perspectives nouvelles : dévoiler l'intertexte,
montrer comment - par quelles images, voire par quels mots - les écrits
entrent en correspondance, tissent leur toile, en un jeu de ricochets
dont on ne sait s'il fera ou non des ronds dans l'eau, tout cela invite
à être encore plus attentifs au travail d'écriture.
Affinités reconnues, acceptées même dans leur
ténuité. Certains passages – mais pourquoi ceux-là ? - nous ont révélé
la possibilité d'écrire à notre tour, en nous détachant du plaisir de
lire pour nous colleter à nos propres mots, ans l'approfondissement ou
dans l'écart, dans le même esprit ou non, mais toujours dans
l'intelligence du propos initial.
Chacun connaît intimement les liens qui le rattachent
au texte souche. C'est dans cette reconnaissance que se tient la
subtilité du partage, la jouissance du presque pareil et radicalement
différent.
Odette et Michel Neumayer
Carnoux, 27.07.08
Sommaire
Odette et Michel NEUMAYER, Editorial
JARDINS
D'ENFANCE
Marie-Christiane RAYGOT, C'est une photo
Oleg DE ROBERTY, Buisson de Félicie
Michel NEUMAYER, Tissé, non tissé
Anne-Marie SUIRE, L'art de conférer
LIEUX ET LIENS
Arlette ANAVE, Repas de famille
Michèle MONTE , Le retour
Jeannine ANZIANI, Il est un bassin
Christiane LAPEYRE, Fleurs de friche
Agnès PETIT, Visage urbain
Any SOUCHOT, Ce plat pays
Annie CHRISTAU, En attendant le jour
Odette NEUMAYER, Là-bas où le destin...
CURSIVES
La diversité culturelle a pour corollaire nécéssaire
de vivre ensemble de la manière la plus complexe
et la plus riche possible.
Entretien avec Michel DUCOM,
poète et militant d'Education Nouvelle
DE SA PLACE,
DIRE
Noëlle de SMET , Le lieu d'où
René COHEN, Distinguer pour comprendre
Bruno TOMERA, Je t'aime
Claude OLLIVE, De l'ombre à la lumière
Chantal BLANC, L'empathie
Jean-Jacques MAREDI, Le grand voyage
Josiane HUBERT, Métro
Paul RECOURSE, Un jour à Bréhat
Pierre TORRES, Au pied de la lettre
Graphismes Francine MILLET
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat. "filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en transparence dans certains papiers. (Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte. |