(c) Claude Barrère, Filigranes
l’autre moitié de toi
est un petit bout de jardin quelques brins d’herbe
à l’arrière de la maison
l’autre moitié de toi
est la rose sauvage sous le cerisier
le rouge baiser des grappes
bouche avide
l’autre moitié de toi
trois carrés de terre encore
un sol que je griffe
quelques fleurs plantées
un train file dans le soir
nos mots d’avant
herbe folle
tourbe chaude
lucioles que
j’enfouis
***
de cela,
de ce qui n’en finit pas
si frêle, farouche
sous mes doigts
je démêle
du tien, le mien
l’écheveau
l’inarticulé
à la nuit tombée
m’en retournant vers la maison
ce que j’emporte
schibboleth
visage
et mot de passe
est clef
d’un savoir
que toi seule
connais
M.N. (Pour O.)