Stars, they come and go

Stars, they come and go

Stars, they come and go
They come fast or slow
They go like the last light
Janis Ian « Stars »

La nuit, quand les mots se font pâles, quand les rideaux se tirent, des pensées nous traversent.
Ils font bouquets d’étoiles.

Ce sont tes yeux sur moi, femme diaphane, au soir quand j’écris.
Ton regard comme un miroir posé.

Enfant prodigue, de toi encore, c’est un visage qui traverse le ciel. Saveurs d’îles.
Une longue longue longue attente d’où tu nous revenais.

C’est la maison d’un Juste que je longe. Campagnes d’Espillières, collines où je marche.

C’est le bleu de tes mèches, mon amie.
Dérobées, elles roulent et s’enroulent et se portent vers ciel.
Charbons de paroles, tisons subtilement croisés, cette nuit encore.

Musiques toujours. C’est ton chant, Nina. Du Live, vers de galactiques voyages tu pensais t’envoler. Je voulais encore vous parler, me disais-tu, mais, piano noir, piano blanc, que me reste-il pour toi ? Rien d’autre qu’ultimement mes lèvres et chanter ?

o o o

Corps nocturne
Mon regard parcourt tes carnets. Pourquoi tes songes au matin les transcrivais-tu sur papier quadrillé ? Nos livres, nos cahiers, nos écrits s’accumulent en rouge, bleu, jaune dans ce bureau où je ne range plus. Et que faire de la mémoire des montagnes où dans la pénombre foulards, étoles, rubans or, verts, noirs flottent au dessus du lit et remontent vers les astres où demeure tu as pris.

Au matin, les rêves semblent sans couleur
mais leur souffle brûle encore quand les portent les vents de fin d’été.

Corps nocturne encore

Le jour, les mots nous assaillaient. Nous tenir droits, nous demandaient-ils, et nous optempérons.

L’obscurité venue tout s’échappe. Nos lettres se font musiques, vont et viennent et dansent. Émiettement des sons, respiration des graphes, tout vacille.

Une fenêtre bat, une porte s’ouvre.
Des êtres se lèvent. Vos visages se dessinent aux parois des chambres.

Des paroles se disent. Les amours tanguent.

o o o

Corps nocturne

L’invisible se niche dans les creux que je dessine.
Sol Lewitt, me dis-je. C’était une exposition bien faite. Un tracé qui perturbe les sens, avais-je lu.

Diurnes, les pensées s’accrochaient encore à ce qui tient. La nuit, des étoiles vont et viennent roulent et traversent le ciel comme autant d’allers sans retour.

o o o

Piano noir, piano blanc.
Quel temps nous reste-t-il d’avant l’aube ?
Quelle langue crayeuse apprendre pour mieux parler ?

M.N.
(Chronique de quelques nuits de septembre)

* Une longue longue attente, Serge Regiani
* Nina Simone, Live at Montreux (1976)
* Sol LeWitt, artiste américain minimaliste connu pour ses wall drawings (1928 – 2007).

Paru dans Filigranes N°109

N°109 « Champ / hors champ » (Focales vol.2 -2021)