D’elle, dire le lieu, le jardin,

"Certaines pierres sont fragiles et c’est à la mémoire
 qu’il revient de les soutenir. Le temps humain est si court !"
Filigranes n°48, Paroles de pierres * (Edito O.M.Neumayer)

du vert de mille fleurs plantées
dire le rouge frondeur

d’un frêle feuillage qui va qui vient
sous la caresse de l’été finissant
dire     le consentement
la nuque offerte
et l’abandon

d’un olivier feuillu
dire     le nom

de ce que furent tes patronymes
dire     l’amère leçon
le bruissement
des disparus

de la mousse à la base du pot
de sa persistance dans la mémoire
dire     le frisson

femme
abri frais
inaccessible
follement*

du béton rêche de ce jardin de dalles
de ce qui crisse, creuse, craque
dire     l’effritement

du petit pan de mur
que tu aimais
dear
l’ocre jaune*

des galets que plus tard sur le marbre nous avons posés
dire     le nombre, la lettre qu’ils dessinent
l’attachement

de la pluie de ce jour
dire     le voile
d’un manteau de brouillard posé sur toi
dire     l’enveloppement

du carreau de fortune où ton nom au feutre est tracé
dire     le plein,
dire     le creux
l’insondable
du O

du train qui passe en surplomb
du grondement qu’il annonce
de sa trace en nous
dire     l’ébranlement

du pas du visiteur au retour
de l’entrelacement des allées, des amours et des noms
dire     l’estompe
le retrait
noir soleil
du déchiffrement

de ce jardin d’elle et de vent
de cette terre d’accueil
à mi-hauteur de mots

dire pareillement
le paradoxe
la ressource et le chant

tout ce qui en nous est
terreau
déjà

Pour O.
(en italique*, textes, bribes de toi)
M.N.
(Filigranes 88, Du faire au dire)

 

 

        POUR O - FENESTRELLES - 24 12 14