Consigne / Arbeits-Auftrag

Arbeits-Auftrag,
Hinzert, 13. September 2014
Jetzt nehme ich ihn an.
Hier lädst du mich fordernd ein.
Zum Ergründen.
Wer sammelt noch die vom Wind verschmähte Saat,
vergessen von den Vögeln?

Unbeirrt festen Trittes
betrete ich Sedimente des Wider-Wärtigen,
Ablagerungen des Unfassbaren,
Strohige Stoppeln, niedergetreten,
Verschleierte Unebenheiten des Bodens,
dunkle Inseln verdrängter Scham
Sandige Partikel deiner feurig-klugen Augen
Bohrende Erinnerung im diesig-kühlen Morgenbrummen.

Ich frage :
Warum darf ich das Gras nicht wachsen hören ?
Gelöchertes Gemäuer, weshalb kannst du dich deiner herzlichen Eingeweide nicht erwehren?

„Bitte Licht ausschalten“
Beißender Ruf in die Tabus der Gegenwart:
Verleidete Erkenntnis des verbotenen Landes
unantastbar, zwingend zum Weitblick.
Kennt der Feldhamster die Himmelsrichtung der rostbraunen Wolken?

Braun zu braun, gelb zu gelb, grau zu grau.
Traue nicht der grauen Trasse salbungsvoller Wörter.
verlasse die geebneten Wege.
Dann zwingst du mich innezuhalten.
Und ich weiß:
Et ass Hiescht wann dës Blumm an de Wise steet.
Und ich pflücke dich,
entreiße dich deiner Verortung Gleichgewichts.
Und ich frage:
Woher kommst du? Welches Wasser hast du geführt?
Und ich gehe weiter,
fragend zu den Freunden,
getragen von der Einladung deines liebenden Blickes.

Melanie Noesen, Pour Odette
(Gedenkstätte Hinzert, RFA)

 

hinzert

(Photo : M.Neumayer)

(Pour Odette)

C’est la consigne
Hinzert 13 septembre 2014
Voilà que je l’accepte
Avec fermeté, tu m’y invites.
Aller au fond des choses.
Que reste-t-il des semences que le vent a dispersées
Qui donc les rassemble encore ?
Oublieux les oiseaux

Imperturbable et de pieds ferme
Je pénètre les sédiments de l’im-monde
Dépôt de l’insondable
Chaume telle paille foulée au pied
Dissimulées les aspérités du sol
Sombre archipel de honte refoulée
Grains de sable de tes yeux d’intelligence brûlante
Obsédant souvenir dans le bourdon d’un matin de froid et de brume

Je pose la question :
Pourquoi ne serais-je pas autorisé à entendre l’herbe pousser
Mur ajouré, ne sais-tu donc retenir les entrailles du cœur ?

« Veuillez éteindre la lumière »
Cri mordant en plein tabous d’aujourd’hui
Détournée l’exploration du royaume interdit
Intouchable, obligeant à porter loin le regard
Que sait-il le hamster de la direction que prennent dans le ciel les bruns nuages de rouille ?

Brun sur brun, jaune sur jaune, gris sur gris.
N’aie aucune confiance dans la trace grise des mots qui apaisent.
Quitte les chemins aplanis.

Alors tu m’obliges à m’arrêter
Et je sais
Et ass Hiescht quand les fleurs poussent dans les champs
Et je te cueille
T’arrache de ton assignation à l’équilibre

Et je demande
D’où viens-tu ? Quelle eau portes-tu ?
Et je poursuis mon chemin
Posant la question aux amis
Soutenue par ton regard plein d’amour, il m’y invite.

Melanie Noesen

(traduction de Michel N.)