Pour Odette
tant de messages, de poèmes, de musiques
ce jour de septembre, de toutes parts venus
ainsi tressons-nous à notre tour
comme une
bibliothèque dans les nuages
(extraits des textes reçus)
Les rêves dont devenus des visages habités par le temps
L’amour a jeté l’ancre
C’est sur son épaule que tu t’appuies
C’est son regard qui te porte au-delà des murs
Il t’arrache aux trous noirs
Où l’utopie s’éteint
Il file les couleurs en écheveaux serrés
Dans le noir brillant de l’encre
Il piège la lumière
Dans le temps qui infuse à travers nos mémoires
Les mots qu’il a offerts sont terre hospitalière.
Michèle
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Quand le bruit des bois tarit dans nos corps
Étonnés nous lisons cette aile de terre
Rouge, à l’ancrée de l’ombre et du silence
Nous veillons à cueillir en la fleur d’agave
La brûlure d’eau où nous posons les mains
Toi plus lointaine que l’acoma fou de lumière
Dans les bois où il acclame tout soleil et moi
Qui sans répit m’acharne de ce vent
Où j’ai conduit le passé farouche.
Edouard Glissant, Pays révé, pays réel
Christian et Marie-Claude
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Cette comptine que tu m’as apprise,
Odette ma sœurette,
À Naama, sera transmise,
Grâce à toi, le temps n’a pas de prise
Et ce n’est que partie remise…
Cathy
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Écume de la terre dans son effort constant
De dire sa vie muette
Des reliefs ressortent chaque matin
Chaque soir des nouveaux paysages
Terre illuminée, repeinte
Teresa
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Osfour, chanson de Marcel Khalifè
et sa traduction :
Un oiseau
Un oiseau se tint à la fenêtre et me dit ‘Ô petit(e)’
Cache-moi avec toi, cache-moi je vous en prie Ô petit(e)’
Je lui ai dit ‘d’où es-tu ?’. Il me dit ‘des limites du ciel’
Je lui ai dit ‘d’où viens-tu ?’. Il me dit ‘de la maison du voisin’
Je lui ai dit ‘de qui as-tu peur?’. Il me dit ‘de la cage à corbeau’
Je lui ai dit ‘où sont tes plumes?’. Il me dit ‘le temps les a emportés’
Un oiseau se tint à la fenêtre et me dit ‘Ô petit(e)’
Cache-moi avec toi, cache-moi je vous en prie Ô petit(e)’
Une larme coula sur sa joue et ses ailes se replièrent sur elles-mêmes
Il atterrit sur le sol et dit : ‘je veux marcher mais je ne peux pas
Je l’ai pris sur mon cœur, ses blessures me faisaient mal
Avant d’avoir éclaté sa prison, sa voix et ses ailes se brisèrent
Je lui ai dit ‘d’où es-tu ?’. Il me dit ‘des limites du ciel’
Je lui ai dit ‘d’où viens-tu ?’. Il me dit ‘de la maison du voisin’
Je lui ai dit ‘de qui as-tu peur?’. Il me dit ‘de la cage à corbeau’
Je lui ai dit ‘où sont tes plumes?’. Il me dit ‘le temps les a emporté’
Je lui dis, n’ais pas peur, regarde, le soleil se lève
Il regardât vers la forêt et vu une marrée de paillettes de liberté
Il vit flotter les ailes des oiseaux au-delà des hautes portes
Il a vu la forêt de vol. Sur les ailes de la liberté.
Je lui ai dit ‘d’où es-tu ?’. Il me dit ‘des limites du ciel’
Je lui ai dit ‘d’où viens-tu ?’. Il me dit ‘de la maison du voisin’
Je lui ai dit ‘de qui as-tu peur?’. Il me dit ‘de la cage à corbeau’
Je lui ai dit ‘où sont tes plumes?’. Il me dit ‘le temps les a emportés’
Un oiseau se tint à la fenêtre et me dit ‘Ô petit(e)’
Cache-moi avec toi, cache-moi je vous en prie Ô petit(e)’
Mahmoud Darwich se demande s’il est un ciel derrière le ciel, où partent les oiseaux après le dernier ciel et comment écrire au-dessus des nuages le legs des siens. Il sait que d’un ciel à l’autre, passent les rêveurs. Il aime les nuages qui imitent une volée de créatures et cherche parfois un ciel moins élevé. Un nuage dans sa main l’a blessé mais il n’oublie pas de nous engager à danser au firmament des mots.
Natalie
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Cheminer
Dans la forêt des mots
Il sculpta son langage
Sa mémoire s’allongea
Au-delà du passé
Dans l’océan des signes
Il puisa ses images
Sa vision s’ajusta
Au rythme des cités
Dans le spectacle des choses
Il creusa son sillage
L’instant ensemença
Les dunes d’éternité.
Andrée Chedid, Rythmes
Jeannine
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Pas de mode d’emploi ni de consignes.
Juste quelques propositions :
Cliquer sur ce lien, fermer les yeux, monter un peu le son (… mais pas trop), incliner la tête en direction du Sud, imaginer que l’on est par exemple sur cette terrasse de Carnoux que nous connaissons tous…, respirer l’odeur des pins…, écouter…
… et revoir ce sourire malicieux sur les lèvres d’Odette qui se rappelle de ce pays qu’elle affectionnait tant.
Sylvain
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« LIBER » : partie vive de l’écorce où circule la sève qui nourrit – durablement – l’arbre FILIGRANES.
Par delà l’absence qui m’est douleur, et bien davantage loin de vous tous, je te dédie, Odette, ce mot majuscule, toi qui m’as accueilli d’un franc sourire à rejoindre votre précieuse Revue d’écriture(s).
« LIBER », LIBRE et LIVRE. Tout toi, chère Odette ! dans la joie comme l’adversité.
A m’unir, dans l’émotion de ce rassemblement d’amitié (où les mots d’eux mêmes finissent par se taire).
Claude
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Aux limites de l’invisible
Et de l’impalpable,
Mon cœur, dans sa double cécité,
Entend comme un écho lumineux
A ses propres battements :
Une présence qui te ressemble,
Qui, de ses milliers d’yeux solaires
Et de ses multiples mains azurées,
Participe à la magie de mon histoire ;
car, à ta façon, tu es là
Et, n’en finissant pas d’exister,
Tu résistes au néant des ténèbres sans fond
Par cette place que je te garde
Au creux de ma tendresse sereine
Qui sait qu’elle a besoin de toi
Et se nourrit du souvenir éblouissant de tes sourires
Et se repaît de cet élan émerveillé
Qui te poussait toujours vers le simple et le pur
Dans la beauté sauvage ou puérile
Que la faune et la flore semaient sur ton chemin.
Jean-Jacques M.
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Poème semé
Dans ta verticalité , ton regard bousculant les paraîtres,
Une invitation naissait simple
Oser ce pas vers notre harmonie intime
Réveiller la vie
Franchir par des ponts de mots les vides
Construire une arche
Un chemin secret… sacré
Où quelque fois ensemble nous nous sommes égarés
Rêveurs, un instant songeurs à tout bout de champ
Hors du temps reliant les quatre horizons
Un phare guide nos pas
Gardiens de la flamme
Nous avançons encore
Réunis par cet élan semé
Pour toi, pour nous
Olivier et Yvette
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Odette,
Comme
Une
Libératrice
Tentaculaire
Une
Rayonnante
Educatrice
Délicieusement
Exigeante
Puissante
Animatrice
Inspiratrice
Xénophile
Ô, CULTURE DE PAIX
Denis
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Ma chère Tatie, à 14 ans j’ai appris “Roman” sur tes conseils (…)
c’est avec toujours le cœur en joie et émue
que je me récite “Roman” et les autres…
Roman
I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
II
– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
III
Le cœur fou robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…
– Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
Arthur Rimbaud, Poésie
Mathilde
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ferme la porte de la classe
doucement sans faire de bruit
et pars dans le grand espace de la vie.
emporte dans tes bagages
les jolis moments de la classe des grands
et tout au long de ton voyage
n oublie jamais d être un enfant
Marie
(Un poème que j’offre à mes élèves, ton sourire entre les mots)
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Hier à l’Aube
Hier, à l’aube, à l’heure où ronronnait Aubagne,
Tu es partie. Vois nous, qui sommes tes enfants,
Nous allons sur les textes, les dessins, les chansons.
Jamais loin de l’école, au pied du Garlaban.
Nous marcherons ensemble guidés par nos idées,
Nous avancerons toujours, nous aidant dans la nuit.
Ensembles, fiers et droits, et nos mains pour créer,
Forts, imaginons demain, nous ne sommes qu’écrit.
Nous laisserons sur ta tombe, des bouquets de cailloux,
Nous y mettrons des voiles pour traverser nos peurs.
Quand viendra Le Grand soir, nous mettrons à nos cous
ton foulard de soie rouge, ce sera le bonheur.
Ni&Jo (&VH)
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Lettre matinale à Odette
Plus d’ordinateur, me voilà réduite, pauvre glaneuse appliquée, à écrire d’une main devenue maladroite, les mots d’esprit, les trouvailles de lecture, ces petites étoiles de la pensée qui me donnent faim de vivre. Cela m’enrage mais je continue à lire Frédéric Blanc comme on se baigne à la rivière. Alors je te le confie : « mais à quoi ça sert d’écrire ? »
Écrire ne sert à rien mais se taire est encore pire.
Pourquoi as-tu choisi de te taire, Odette ?
C’est une question que je me pose parce que M. nous a demandé de nous souvenir de toi, ce 3 septembre. Donne-moi un peu d’imagination, j’en manque. Je la cherche ailleurs dans ces petites phrases d’Henri Frédéric Blanc par exemple quand il égratigne l’utopie, cette étoile plus grosse que les autres que tu partageais avec nous, ce futur qui nous questionne où tu es peut-être.
Il dit une chose qui fait trembler la vérité : « Le futur, il sent un peu la friture, le futur. Il faudrait l’enjamber sans se brûler les fesses. Y revenir après l’avenir, histoire de ne pas arriver trop tard ».
Même si, en bonne humaine qu’il te fallait être, ton passé « te conduisait à la crèche » – c’est aussi une belle formule de cet auteur – tu l’auras tenté l’avenir et tu m’auras permis d’être vivante quelques temps dans le sourire de Filigranes, pour conjurer notre histoire comme des humains sans rien savoir. Ce matin, tu me reviens comme ça, après l’avenir, et mon café a plus de goût.
Arlette
Ping : 3 septembre 2015 (2) | les yeux, quand ils s'ouvrent